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PORTRAITS DE FEMMES

Dessin Mémoires de femmes à la Maison des Métallos

 Ma Mére au Panthéon.   Septembre 2017   Maison des Métallos .   Curator :  Sylvie Cohen

           LE DESSIN COMME PRATIQUE ENTROPIQUE
 

 

 

Que ce soient des portraits en pied ou des portraits-têtes, les dessins de Florence Lucas témoignent d'un intérêt manifeste porté à la femme et à son identité. 
Les portraits nous apparaissent de manière frontale, et les regards pénétrants et fixes de ces femmes ne peuvent qu’attirer le nôtre et nous interroger sur leur identité.Tous ces portraits s'inspirent de photos. Il s'agit alors de mettre en lumière les codes iconographiques de la représentation en créant des distorsions.

Dans la série S21, elle s'appuie sur les photos que les gardiens prenaient des prisonniers à leur arrivée à la prison. Cela explique le regard figé de ces femmes et à travers lui toutes les interrogations et tous les sentiments qui traversent un individu au moment de sa captivité, qu’elle quelle soit.

Florence Lucas, par le dessin, a voulu tirer de l’oubli ces femmes martyrisées et mortes anonymement, leur seule identité étant leur numéro de matricule qui apparaît sur chaque portrait dessiné. Comme en témoigne cette série, Florence Lucas entretient des rapports intimes avec l'histoire. Dans cette série, le dessin peut être perçu comme pratique entropique servant à mesurer le désordre d'un système. Le monde étant envisagé comme système, le dessin permet alors d'en saisir l'évolution.
Une autre  série représente des femmes criminelles. Les dessins s'inspirent des photos d’identité judiciaire des années 20, à Sydney en Australie. Si l’histoire de ces femmes diffère des femmes de S21, si les codes iconographiques sont différents, le dispositif mis en place à l’amont du dessin est le même : à un moment donné, un être humain, captif, est saisi par l'objectif. Bien que la prise de vue soit la même, de l'apparente immédiateté des choses, le dessin révèle ce que l'on ne voit pas de prime abord. C'est de la pratique du dessin qu'émerge alors des individualités.

Outre les dessins d'identité judiciaire, Florence Lucas s'est aussi intéressée à des portraits de femmes provenant de vieilles cartes postales ou encore de calendriers des postes des années 50, à des photos de presse afin d'en révéler les codes iconographiques . Ces dessins sont intitulés Reproductions et on ne peut s'empêcher de penser à Walter Benjamin. Si pour Walter Benjamin, les œuvres issues des techniques de reproductibilité de masse ont contribué à la perte de l'aura et du statut accordé à l’œuvre unique, chez Florence Lucas le processus s'inverse. C'est en reproduisant des œuvres éditées en série qu'elle donne à ces images une nouvelle fonction. Par le dessin, elle statufie ces femmes et les dote à nouveau d'une aura iconique. Dessiner ces femmes, c’est les inscrire dans une continuité temporelle.

Florence Lucas, par sa pratique sensuelle du dessin, parvient à articuler identité sociale et identité psychologique afin de créer une iconographie qui rende ces modèles à la

Céline Berchiche       Fev 2016

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